La Chine envisage une loi interdisant les vêtements nuisibles "à l'esprit du peuple chinois"
Publié : 18 septembre 2023 à 17h27 par A. L.
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Le gouvernement chinois a proposé une nouvelle loi qui interdit de porter des vêtements portant "préjudice à l’esprit du peuple chinois" ou qui "heurtent les sentiments" de la nation.
Les Chinois seront-ils bientôt limités dans leur choix de vêtements ? Le gouvernement chinois vient de proposer la modification d'une loi qui prévoit des amendes pouvant aller jusqu'à 5.000 yuans (637 eurps) et des emprisonnements de quinze jours pour "le port de vêtements ou de symboles en public préjudiciables à l'esprit du peuple chinois et aux sentiments du peuple chinois". En effet, les vêtements qui "heurtent les sentiments" de la nation pourraient bientôt être interdits dans le pays. Le texte ne précise pas les types de vêtements qui seront interdits par cette législation même si ce projet de loi intervient à la suite d'une intense polémique sur les réseaux sociaux chinois.
Début septembre, une vidéo d’un homme habitant à Shenzhen, dans le sud du pays, interrogé par la police après s’être filmé en train de porter une jupe, est devenue virale.
"C'est offensant pour la morale commune"
Si les personnes portant des vêtements ou des banderoles transmettant des messages jugés controversés politiquement sont déjà régulièrement punies en Chine pour provocation de "disputes et de troubles", cette nouvelle loi vise à donner aux autorités davantage de pouvoir pour réprimer tout vêtement perçu comme contraire à la moralité. Elle s'inscrit également dans une volonté de répression, amorcée par des réglementations visant entre autres à bannir les artistes au "style efféminé" des émissions télévisées et à dissuader les Chinois de se faire tatouer. La vidéo de l'homme qui portait une jupe a d'ailleurs entraîné de nombreux commentaires. "C'est offensant pour la morale commune", a écrit un utilisateur de Weibo, un réseau social chinois.
Néanmoins, plusieurs juristes du pays se sont publiquement opposés au projet de loi, pour lequel la période de consultation publique va jusqu'au 30 septembre. Selon Lao Dongyan, de l'université de Tsinghua, cette loi conduirait à "une norme de punition trop vague, qui mènerait facilement à une extension arbitraire du champ d'application des sanctions administratives". Mme He, une Pékinoise de 23 ans, plaide quant à elle "d'établir des critères mûrement réfléchis avant d'avancer de telles propositions".
D'autres citoyens attribuent cette réforme aux incidents nés du port de vêtements japonais dans des lieux historiques ou lors de journées commémoratives. Une femme avait en effet été "sévèrement critiquée" après avoir porté un kimono en public le 13 décembre, jour de commémoration nationale des victimes des crimes de guerre commis par le Japon en 1937. "Si une personne porte un kimono (…) au mémorial des victimes du massacre de Nanjing par les envahisseurs japonais, je pense que cela causerait un préjudice psychologique important au peuple chinois", a déclaré Yang Shuo, un programmeur âgé de 25 ans. Un tel acte "devrait être puni", confie-t-il.