Le contrôle technique devient obligatoire pour les deux-roues
Publié : 15 avril 2024 à 6h00 par Hugo Harnois
Un rassemblement de motards en 2018.
Crédit : MEHDI FEDOUACH / AFP
C’est ce que l’on appelle un serpent de mer : le contrôle technique pour les deux-roues. Il devient obligatoire à compter de ce lundi 15 avril. L’occasion de relancer le débat avec le porte-parole de Ras le Scoot, et un coordinateur local de la Fédération Française des Motards en Colère (FFMC).
Certains le redoutaient, d’autres l’attendaient avec impatience. Le contrôle technique devient dès ce lundi 15 avril obligatoire pour les deux-roues, les trois-roues et les quadricycles motorisés. Cela fait quelques années que les « pro » et les « anti » se chicanent sur un sujet hautement inflammable.
"On peut parler de petite victoire"
Les premiers assurent que les motards doivent être logés à la même enseigne que les automobilistes, comme le confirme Franck-Olivier Torro, le porte-parole de Ras le scoot, une association créée en 2018 luttant contre toutes formes de nuisances provoquées par les deux-roues : « on peut parler de petite victoire, c’est quelque chose qu’on réclamait. C’est complètement anormal que les deux-roues motorisés ne soient pas soumis au contrôle technique, alors qu’ils devraient l’être au même titre que les autres véhicules. »
En face, les « anti » sont persuadés que le contrôle technique est inutile puisque les motards entretiennent eux-mêmes leurs engins. Denis Chaimbault, coordinateur local de La FFMC en Loire-Atlantique, ajoute qu’il y « a moins de 0,3% des accidents dus à une défaillance technique pour les deux-roues motorisés. Alors que l’état des routes est mis en cause de manière secondaire dans 30% des accidents. Il faut améliorer les infrastructures, ou du moins, limiter leur détérioration. »
"On dénonce du racket, doublé d’une arnaque"
Au-delà de l’aspect sécuritaire, le porte-parole de Ras le scoot assure que ce contrôle technique a d’autres objectifs, comme « sortir les motos et les scooters épaves qui n’ont rien à faire sur la voie publique et qui iront directement à la casse. On espère aussi que ça aura une action sur le bruit, et qu’il y ait donc un impact positif sur la plupart des deux-roues motorisés. » Mais de son côté, Denis Chaimbault ne retient dans cette nouvelle obligation qu’un seul argument : « c’est l’argent que ça va rapporter aux grands groupes de centres de contrôle technique. On dénonce du racket, doublé d’une arnaque. »
C’est pourquoi, dans un premier temps, les membres de la FFMC ont organisé des manifestations un peu partout en France pour clamer leur mécontentement samedi 13 avril. Puis, dans un second temps, les motards ont lancé l’opération « Balance ton centre ». « L’idée est de repérer les centres de contrôles techniques qui vont le faire pour les deux-roues, et de demander aux motards qui ont des voitures de ne plus les emmener. Et ça marche, puisqu’il y a déjà des centres de contrôles techniques qui ont déjà perdu 30% de leur chiffre d’affaires », soutient le coordinateur de Loire-Atlantique.
Des centres de contrôle technique en difficulté ?
Denis Chaimbault va encore plus loin en invitant dans les mois à venir tous les pilotes à ne pas passer de contrôle technique pour leurs engins. « On risque une amende de 90 euros. C’est le prix à payer pour ce boycott. Mais posez-vous cette question : quand est-ce que vous avez été contrôlé au bord de la route par les forces de l’ordre ? C’est un risque de contrôle extrêmement mineur », appuie-t-il.
En réaction aux différentes actions de contestation menées par les conducteurs de deux-roues, Franck-Olivier Torro reste dubitatif : « ils vont faire du bruit, exaspéré la population. Mais de toute façon, le gouvernement ne peut plus rien faire puisque le Conseil d’État est passé par là. Ça va mettre du temps, les centres ne sont pas prêts, le gouvernement y va à reculons, ça joue la montre, mais à un moment donné, il va quand même falloir mettre les choses en place. »
Dernière « ruse » dévoilée par le motard en colère, qui stipule que si un centre ne contrôle pas assez de motos chaque mois durant l’année 2024, il perdra son agrément : « la seule et unique solution pour faire abroger ce contrôle technique, c’est le boycott et faire perdre le plus d’argent possible aux centres. D’ailleurs l’inquiétude n’est plus chez les motards mais dans les grands groupes, et certains sont venus pleurer sur les épaules des membres du bureau national de la FFMC, car ils sentent le vent tourné, ils ne sont plus si sûrs que ça va bien se passer. »