"Napoléon" de Ridley Scott : spectaculaire, mais sans nuance
Publié : 21 novembre 2023 à 17h00 par Iris Mazzacurati
Joaquin Phoenix est Bonaparte dans "Napoléon" de Ridley Scott.
Crédit : ©2023 Apple
Le réalisateur de "Gladiator" ou du "Dernier Duel" livre sa nouvelle fresque historique, "Napoléon", avec Joaquin Phoenix dans le rôle-titre...
Précédé de plusieurs polémiques (l’âge des acteurs, la véracité historique...), on ne savait pas trop à quoi s’attendre avec ce Napoléon, mis en scène par Sir Ridley Scott.
Pourtant, le réalisateur anobli par la reine sait être très bon en matière de films à costumes et il retrouve ici, Joaquin Phoenix (Oscar du meilleur acteur pour Joker en 2020) l’un des acteurs de Gladiator, Oscar du meilleur en film en 2001...
Alors, on y va, on n'y va pas ? Tout déprend, en fait, de ce que vous espérez y trouver.
Fans de l’ère napoléonienne, passez votre chemin. Sans se résumer à un "Napoléon pour les Nuls", le récit est davantage à l’attention d’un public international. On n'apprend pas grand-chose historiquement parlant, quand on n’est pas heurté par les inexactitudes que Ridley Scott assume avoir laissé se glisser ça et là pour plus de fluidité dans le récit ou une plus grande cinégénie. De la présence de Napoléon lors de la décapitation de Marie-Antoinette alors qu’on sait qu’il n’y a jamais assisté ; à un général Bonaparte tirant à coups de canon sur les pyramides de Gizeh, ce qui, là aussi, n’a jamais eu lieu...
Côté spectacle, en revanche, peu de chance d’être déçu. Il faut dire que les scènes de batailles ne manquent pas, d’Austerlitz, à Waterloo, en passant par la retraite de Russie. Là, Ridley Scott retrouve sa zone de confort : épiques et graphiques, que ce soit dans les mouvements d’ensembles ou les plans serrés, ou encore les cascades à cheval, impressionnantes.
Là où le bât blesse, c’est plutôt du côté de la psychologie des personnages ; ça n’a jamais été le point fort du cinéaste : pourquoi, comment Napoléon est-il devenu l’homme qu’il est... Ridley Scott ne s’attarde pas. Oui, il utilise la relation de Bonaparte avec Joséphine de Beauharnais (Vanessa Kirby) pour présenter un Napoléon amoureux, cocu, brusque et dénué de douceur, mais il effleure à peine l’ambivalence du personnage à la fois génie, stratège, meneur d’hommes, mégalomane et responsable de la mort de près de 3 millions de soldats.
Peut-être est-ce la raison pour laquelle, Joaquin Phoenix, tout en étant très bien, ne livre pas la prestation à laquelle on pouvait s’attendre... Il incarne bien le général corse, mais manque un peu d’épaisseur à l’écran.
Pas le meilleur Ridley Scott à ce jour, mais pas non plus le pire.
Napoléon • De Ridley Scott • Avec Joaquin Phoenix, Vanessa Kirby, Tahar Rahim... • Sortie le 22 novembre 2023