Yonne : un directeur de supermarché en grève de la faim contre son licenciement

Publié : 28 avril 2022 à 8h38 par Étienne Escuer

Les salariés de Lidl Joigny soutiennent leur directeur licencié.

Crédit : UNSA Lidl

Un supermarché de Joigny, dans l’Yonne, se mobilise contre le licenciement de son directeur.

Lundi 25 avril, les 21 employés du magasin Lidl de Joigny, dans l’Yonne, ont entamé une grève pour soutenir leur directeur, licencié. Ce mercredi, ils étaient encore sept à ne pas avoir repris le travail et le responsable du magasin a entamé une grève de la faim pour protester contre son licenciement.


 


L’enseigne lui reproche en effet d’avoir tardé à rembourser des produits qu'il avait pris dans un magasin. Le 28 février dernier, le directeur avait été appelé en renfort dans un magasin parisien. Il y prend quatre produits pour son usage personnel, pour une valeur de près de 90 euros, mais, en l'absence de moyen de paiement, signe un « transfert » qui lui permet de payer ces articles à Joigny, plus tard. « Le tort que je reconnais, c'est que j'avais dit à mon responsable le lundi soir "mardi je paie" », explique le cadre de trente ans. « Mais j'ai oublié de le faire. Maintenant, à un moment donné, il faut aussi se faire confiance. Je suis directeur de magasin, j'ai un très bon salaire, j'ai une voiture de fonction, je ne vais pas me rendre voleur pour 89 euros. »


 


" Tous les salariés se sont mis en grève pour soutenir leur directeur. En quinze ans de syndicalisme, je n'ai jamais vu cela"


 


Début avril, il est mis à pied pour cinq jours. Mais, dans un courrier reçu le 19 avril, il apprend son licenciement pour cause réelle et sérieuse« Comment se fait-il qu'un responsable puisse annoncer une sanction après l'entretien et la changer quelques jours après ? », confie Mohamed Sylla, représentant régional du syndicat UNSA. « Et sur le fond, comment peut-on licencier une personne pour si peu ? Ce sont des dérives managériales que nous dénonçons. Lundi et mardi, tous les salariés se sont mis en grève pour soutenir leur directeur. En quinze ans de syndicalisme, je n'ai jamais vu cela, c'est une première. »


 


Mardi, un directeur des ressources humaines s'est déplacé à Joigny, mais sans rencontrer le directeur. « C'est dommageable, j'aurais aimé avoir un entretien pour comprendre pourquoi la sanction a changé. C'est dommage de casser tout le travail que j'ai fait ici pour une erreur de procédure », estime le cadre. « Cette sanction a été prise sur la base de fautes commises et établies pour lesquelles nous disposons d’éléments factuels et solides », a de son côté réagi Lidl dans un communiqué. L’entreprise « n'entend pas revenir sur sa décision ».


 


 


(Avec AFP)