Baisse du niveau scolaire : « Il y a 40 ans qu’on dit les mêmes choses »
Publié : 3 février 2023 à 6h00 par Hugo Harnois
Davantage de dictées, cours de renforcement en maths et en français, évaluations nationales dès la classe de CM1. Début janvier, le ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, a annoncé plusieurs mesures pour lutter contre la baisse du niveau des élèves, et assurer une meilleure transition entre l’école primaire et le collège.
Des mesures au compte-goutte. Depuis plusieurs semaines, le ministre de l’Éducation nationale fait des annonces avec un objectif : remonter le niveau scolaire des élèves et rendre plus facile le passage de la primaire au collège.
Pour cela, Pap Ndiaye a annoncé vouloir instaurer une heure supplémentaire par semaine de maths et de français en 6e, qui sera assurée par des professeurs des écoles. Autres annonces : le renforcement de la pratique de la dictée ou de l’étude des conjugaisons, mais aussi la généralisation du dispositif « Devoirs faits », pour lequel les élèves de 6e font leurs devoirs au collège. Enfin, à partir de la rentrée 2023, tous les élèves de CM1 passeront des évaluations nationales en français et en mathématiques.
"Que les gouvernements soient de gauche ou de droite, ça ne change pas grand-chose"
Mais la baisse des élèves – notamment en orthographe – ne date pas d’hier pour Roger-François Gauthier, auteur du récent Contre l’école injuste : « il y a 40 ans qu’on dit les mêmes choses, le niveau des élèves baisse, l’école de France est injuste, le poids de l’origine sociale des parents est beaucoup plus fort en France que dans les pays environnants, et chaque fois, cela recommence pareil. Que les gouvernements soient de gauche ou de droite, ça ne change pas grand-chose. »
Également expert international en matière de politiques éducatives, Roger-François Gauthier a étudié de nombreux systèmes scolaires mis en place dans nos pays voisins. « Chez nous, les ministres passent et il y a toujours les mêmes problèmes, on n’a pas pris le taureau par les bonnes cornes. C’est quelque chose d’affligeant. Les enquêtes internationales disent toutes la même chose. Elles comparent notre pays avec des pays similaires, et l’on se rend compte qu’en France, sans que personne ne l’ait voulu, l’école est injuste. »
Un manque d'argent ?
L’expert cite notamment l’Italie, où se trouve une réelle continuité entre les différentes classes du système scolaire. En France, il assure que ce n’est pas un problème d’ordre financier, et pointe du doigt l’enseignement supérieur et son caractère « extrêmement élitiste. L’enseignement scolaire veut se mettre en phase avec cette sélectivité extrême de l’enseignement supérieur. On a un système qui est peu démocratique, se préoccupe peu des élèves en difficulté. L’important est d’emmener un petit nombre d’élèves vers les classes préparatoires aux grandes écoles. Là-dessus, nos lycées sont très bons, mais très bons pour 20% seulement ! »
Autre problème, selon lui : l’obsession en France du système d’évaluation. « Je reprends l’exemple de l’Italie, où les lycées sont beaucoup plus ouverts à la diversité des talents, et ne sont pas obsédés comme en France, où les élèves sont victimes du harcèlement des évaluations, des notes et du choix des options en Première et en Terminale. Ce n’est pas marrant d’être lycéen dans ces conditions-là. »
De leurs côtés, les syndicats déplorent des mesures du gouvernement superficielles. Ils réclament, entre autres, une diminution d’élèves dans les classes d’écoles primaires et l’augmentation d’enseignants.