« On ne tire pas sur des hommes mais sur des menaces », un ancien policier du RAID sort un livre témoignage
Publié : 29 novembre 2022 à 12h04 par Guillaume Pivert
Marc Verillotte raconte dans son livre « Au cœur du RAID », les vingt ans passés dans la section d’intervention.
Marc Verillotte est aujourd’hui conférencier en entreprise et distille ses conseils en matière de gestion du stress. Le stress, c’est une émotion qu’il connait, qu’il a su apprivoiser. Entre 1998 et 2018, il a fait partie du RAID, l’unité d’élite de la police. Sa spécialité, l’effraction pour permettre à la colonne d’assaut d’intervenir. En janvier 2015, c’est lui qui fera exploser la porte de l’Hyper Casher.
L’ancien champion de judo est le témoin privilégié de moments qui ont marqué ces dernières années. Il était présent pour la traque d’Yvan Colonna, celle des frères Kouachi, a connu le Bataclan. Il a également participé à l’assaut de l’appartement de Mohamed Merah, le 21 mars 2012. Il en sortira blessé à l’épaule et à la tête.
La mission du RAID est d’arrêter un forcené, un terroriste. L’avoir vivant est nécessaire ensuite aux enquêteurs pour remonter des filières d’armes par exemple. Mais quand l’individu tire, il faut bien riposter. Quel rapport aux armes et au fait de pouvoir donner la mort, Marc Verillotte entretient-il ?
« On a dans les mains quelque chose de grave, on sait les conséquences et les émotions qu’elle porte », explique-t-il ajoutant que les policiers du RAID « ne tirent pas sur un homme, une femme, mais sur une menace, c’est dépourvu d’émotion, purement professionnel ».
Dès la première séance de tir, le ton était donné. Après avoir visé sur des cibles en papier, le formateur montra à Marc Verillotte et ses camarades des photos de morts par balles. « Il nous a dit : c’est vous si vous tirez en retard, c’est votre camarade si vous tirez en retard, c’est un otage si vous tirez en retard ».
« Faire attention à soi pour éviter de plonger »
La maitrise de l’arme est une chose, celle de ses émotions une autre. Marc Verillotte explique qu’au sein de la colonne d’assaut, il y a un mélange de jeunes et de plus expérimentés. « Le groupe puise sa force dans l’hétérogénéité », affirme l’ancien policier.
Quelles conséquences ces expériences extrêmement fortes ont-elles à long terme sur ces policiers d’élite ? « Les anciens disaient attention, il ne faut pas rester plus de dix ans, il y a un effet cumul », se rappelle Marc Verillotte. « C’est une carricature, ajoute-t-il, "quand j’ai un moment de moins bien je fais attention je surveille mon hygiène de vie, je me couche à des heures plus stables. En faisant attention à soi on évite de plonger ».
Au cœur du Raid, de Marc Verillotte et Karim Ben Ismaïl, est paru aux éditions Les Arènes.